C’est la fin de l’année, c’est la fête. Mais c’est aussi la crise. Alors, on troque son chapon ou sa dinde contre un poulet. Soit : « Poulet N°728120, je t’aime, je pense à toi. » Mais attention, du poulet pas cher, c’est souvent du poulet pas bon. Et de la crotte, même dans du papier doré, c’est toujours de la crotte. Ça n’est pas pour rien que dans les grandes villes des Etats-Unis, les os de poulet sur les trottoirs servent aux sociologues à faire la cartographie de la « gentrification » : d’un côté des os de cheap chicken et des pauvres, de l’autre des bobos. La démonstration par le poulet est faite. N’empêche, vous voila face à votre poulet de fête. Du goudron et des plumes vous fournit une recette de circonstance et une ligne de conduite pour 2013 : Traite ton poulet comme toi même, ou mange sa fiente.
Ingrédients :
- 25 000 poulets
- antibiotiques
- agents de saveur
- eau en grande quantité
Le choix du poulet est important. Pour s’assurer qu’il correspond au besoin de la recette, adressez-vous à une ferme d’élevage industriel dans laquelle sont entassés des oiseaux difformes, drogués et soumis à un stress extrême, reclus dans un enclos artificiellement éclairé et tapissé de déjections.
Prenez 25 000 de ces poulets standard gavés d’antibiotiques, affligés d’infections cardiaques ou pulmonaires, de tumeurs cancéreuses ou de maladies de peau. Suspendez les par les pattes en vous assurant que les ailes et la peau des oiseaux restent bien maculées de leur fiente.
Anesthésiez les volatiles par électrocution (le voltage doit les rendre flasques mais ne pas les tuer) et tranchez le cou partiellement, afin que le cœur qui bat encore vide le poulet de son sang.
Plongez-les ensuite dans une grande cuve d’eau chlorée bouillante. Un jus jaunâtre souillé d’excréments contaminés par des bactéries s’écoule du poulet. Réservez cette souillure dans un bac à part.
Plumez-les, arrachez les têtes, coupez les pattes et incisez verticalement les poulets pour retirer les entrailles. Petite astuce pour plus de saveur : entaillez les intestins afin que les excréments se répandent dans la cavité péritonéale.
Faites ensuite refroidir les poulets dans une cuve réfrigérée remplie d’eau pendant environ 1 heure. Ce liquide de refroidissement est ce que l’on qualifiera de « soupe fécale » : une mixture de déchets et de bactéries qui permettra aux poulets encore non infectés de s’imprégner de tous les agents pathogènes, soit par inhalation soit par absorption à travers leur peau. Cela permet également d’augmenter avantageusement le poids du poulet qui se gorge ainsi généreusement de cette soupe fécale.
Si d’aventure le goût n’est pas à votre convenance, vous pouvez, comme cela se fait fréquemment dans l’industrie, administrer aux volailles, par gavage ou injection, des « bouillons » ou solutions salées à l’odeur et au goût de poulet.
Voilà, c’est prêt. Bon appétit.
Nb : Enfin, si l’industrie du poulet vous fascine, vous pouvez aussi lire « Les poulets Doux… » : www.box.com/s/cb96f64e7accb2f7b3e3